mercredi 18 mars 2009

L'évolution religieuse des pays angevins de 1814 à 1870.

140 GAZEAU (Henri).

L'évolution religieuse des pays angevins de 1814 à 1870. Thèse pour le doctorat présentée devant la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l'Université de Rennes, le 10 juin 1961, 1680 p. et index, dact.

« Comment les populations angevines ont-elles réagi en face de l'œuvre apostolique, quelles ont été les répercussions religieuses des crises politiques, des transformations économiques, d'une diffusion sans cesse accrue des idées nouvelles, à quelle date et de quelle manière telle région ou telle catégorie sociale se sont-elles détachées de l'Eglise » : ce programme relève de la sociologie du catholicisme en France, dans une région bien délimitée, pendant un demi-siècle de consolidation apparente d'un culte restauré sous le premier Empire.

L'intérêt de la recherche est accru par le contraste entre les diverses parties de l'Anjou : il est particulièrement marqué, au Sud, entre les Mauges dévotes et le Saumurois indifférent: H. Gazeau trouve dans la géographie (isolement), l'histoire (guerres de Vendée), la structure sociale du Bocage (influence de grands propriétaires), la tradition familiale et cléricale, une explication de la piété des Mauges. Le Saumurois, ouvert aux vents de la capitale, accueillant à la Révolution, individualiste comme beaucoup de pays vinicoles, s'en tient au conformisme saisonnier et penche vers un anti-cléricalisme modéré, un scepticisme aimable. Dans les arrondissements du nord, Segré et Baugé, les caractères sont moins accusés, encore que les cartes fassent ressortir des différences notables dans la pratique des cantons.

Comment s'est exercée dans un diocèse si divers l'action pastorale ? L'auteur présente les acteurs : les évêques et leurs collaborateurs, le clergé des villes et des campagnes, les congrégations et les œuvres. Il analyse les moyens et les méthodes du ministère et du magistère. Enfin, il mesure les forces de l'opposition : personnalités vigoureuses, groupes militants, presse insinuante.

Le mythe du clerc et du chevalier (que nous ne cessons de pourfendre) s'évanouit, une fois encore, devant le spectacle des divisions de l'Eglise et de ses adversaires. Une infranchissable barrière sépare les prêtres constitutionnels et ceux qui ont refusé les serments ; séculiers et réguliers se font concurrence ; le gouvernement central lui-même rencontre des obstacles et connaît des orages. Chez les adversaires, que de nuances et de variations !

De 1814 à 1870, les pays angevins ont-ils vraiment évolué ? Nous serions portés à croire qu'ils ont simplement oscillé, sous la double pression d'un clergé qui se renforce et d'une société civile qui tend à se laïciser.

Henri Gazeau a rassemblé une masse énorme de documents (plus de 100 pages de bibliographie). Son examen a été méthodique, perspicace, impartial. Au cours de la soutenance, nous ne lui avons signalé que de rares lacunes (par exemple sur certaines formes populaires de la vie religieuse, sur l'analyse des classes sociales, sur les influences extérieures). La mention très honorable a justement récompensé un labeur patient et fructueux.
Gabriel Le Bras

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