vendredi 23 janvier 2009

....Une famille bien roturière attachée à la glaise de l'Ile-de-France




Jean-Marc Moriceau et Gilles Postel-Vinay
éd. de l'Ecole des hautes études en Sciences sociales, 150 F


Les lignées familiales que nous content les historiens sont habituellement de type aristocratique. Ici, avec les Chartier, il s'agit d'une famille bien roturière attachée à la glaise de l'Ile-de-France. En cinq siècles et une vingtaine de générations, les Chartier ont constitué arpent après arpent une exploitation qui est devenue, au XIXe siècle, l'une des plus grandes de la région. Avant la Révolution, locataire d'institutions religieuses, la famille est déjà à l'aise: François a mis au point un ingénieux système de production qui consiste à fournir les grands aristocrates versaillais ou parisiens en paille pour leurs chevaux et à récupérer le fumier. Rendements élevés en grains pour l'époque (17 quintaux/ha) et engraissement de moutons à viande fournissent une rente élevée que les fermages ne suffisent pas à ponctionner. Lorsque les biens nationaux sont mis en vente à la révolution, les Chartier peuvent acheter. Pas au comptant, car les surfaces sont immenses, mais l'inflation leur permet de rembourser facilement des dettes qui s'allègent. D'aisée, la famille devient riche. Elle pratique le contrôle des naissances pour ne pas disperser la propriété, investit dans l'éducation et, au XIXe, les aînés prennent une retraite précoce ou dilapident une partie du patrimoine dans des rêves de grandeur.

La lecture n'est pas toujours facile. Mais quelle richesse dans ces analyses fines des stratégies patrimoniales, de cette soif de terre, des aléas de l'agriculture et des circuits de commercialisation. Remarquable.
Alternatives Economiques - n°103 - Janvier 1993

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